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Les meilleurs jours du Muscadet

La Loire-Atlantique est un pays de vin. Ce n’est pas toujours forcément très connu mais dès qu’on nomme le Muscadet ça parle évidemment aux gens. Et si pendant très longtemps il n’a pas été un vin très couru, souvent relégué à l’alliance exclusive aux fruits de mer, il devient aujourd’hui un vin qui mérite le détour ! Grâce à une nouvelle approche impulsée par certains viticulteurs, des valeurs plus responsables de la culture et de la production, et une communication plus tournée vers les nouvelles générations, le Muscadet devient aujourd’hui un vin des plus intéressants et vit ainsi ses meilleurs jours dans nos verres ! 

J’ai établi cet article suite à diverses rencontres faites au gré de mes balades et visites durant les derniers mois. C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai pu découvrir ce renouveau du terroir ligérien et j’avais très envie de le partager avec vous. Cet article n’est pas issu d’un partenariat et, comme toujours, j’y exprime mon avis et mon ressenti en toute objectivité.  

Quand on observe la carte de la culture du vin en Loire-Atlantique, on se rend rapidement compte de l’ampleur géographique avec une grande partie du Sud et de l’Est du département qui est concernée par la viticulture, et ceci aux portes de Nantes !

Pour les chiffres, le Muscadet c’est plus de 9000 Ha de vignes en AOC et près de 500 vignerons. C’est d’ailleurs la première appellation du Val De Loire en terme de volume de production (50 millions de bouteilles en 2018). Vous imaginez donc toute la diversité des Muscadet qu’on peut apprécier, en fonction du terroir où se trouvent les vignes et du travail de vinification.

Les vins produits sur notre département sont vendus sous différentes appellations, fonction du territoire géographique et de la méthode de vinification.

  • Le Muscadet, l’appellation la plus connue qu’on divise en 3 appellations régionales : Muscadet Sèvre et Maine, Muscadet Côtes de Grandlieu et Muscadet Coteaux de Loire. Le zonage est bien représenté sur la carte au-dessus. On associe le terme “sur lie” à ces vins en raison de l’élevage obligatoire sur lie (dépôt des levures naturelles)
  • Les Crus du Muscadet sont des appellations émergentes qui mettent en lumière la diversité du terroir. Chaque cru est propre à la commune d’où il vient et obtient son appellation selon des critères bien précis et des dégustations annuelles. Ces crus, dit communaux, ont pour objectif de représenter la montée en gamme du Muscadet. Ils sont au nombre de 10.
  • Les Coteaux d’Ancenis Malvoisie est une appellation plus confidentielle mais pas moins intéressante. On trouve ce vin blanc sur les bords de Loire entre Nantes et l’Anjou. Il contient principalement des notes plus sucrées que le Muscadet. Ce vin un vrai coup de coeur pour moi depuis que je l’ai goûté.
  • Le Gros Plant est une appellation qui est produite sur à peu près la même zone que le Muscadet, en allant jusqu’à l’océan. Ce sont des vins jugés moins qualitatifs mais que les vignerons n’abandonnent pas pour autant car ils trouvent leur place sur le marché.
  • On trouve aussi chez les vignerons des vins rouge et rosé (sous le nom Gamay), ainsi que des vins pétillants. Ce n’est jamais leur production principale mais des petites quantités pour répondre à la demande.

J’aborderai l’ensemble de ces vins sous le nom principal de Muscadet même si ce n’est pas tous leur appellation. Mais cela simplifie mon écriture, et votre lecture. 

Pour s’imprégner de ce terroir unique, il faut parcourir la vigne. C’est d’ailleurs un secteur où on trouve de belles balades à faire. Autant joindre l’utile à l’agréable.

Ces balades ont d’ailleurs été pour moi des premières approches et de belles découvertes gustatives ! N’hésitez donc pas à vous programmer un virée dans les vignes et à marquer un arrêt chez un vigneron.

Rencontrer les vignerons c’est accéder à la meilleure source d’information. Ils transmettent leur amour de la vigne et de leur métier avec générosité et sympathie. Ce sont toujours de chouettes et belles rencontres, nous ouvrant ainsi la vue (et le palais) vers le Muscadet sous ses meilleurs jours.

Les références de vignerons que je vais vous citer ne sont qu’un mini-échantillon du Muscadet. Je ne pouvais pas aller rencontrer les 500 professionnels ! Et ma perception reste personnelle, chaque vin est unique et diffère autant que nous avons des palais différents pour l’apprécier. 

La qualité et le goût d’un Muscadet va donc dépendre de différents facteurs : le vigneron suivant ses choix de culture et de vinification, l’âge de la vigne et le sol où elle est implantée.

Commençons par le sol, caractéristique indépendante du vigneron. Notre territoire est grand et les sondages qui sont réalisés dans le vignoble montrent des différences de sols assez significatives entre lits sableux ou argileux et sous-couches de gneiss, micaschistes, schistes ou amphibolites. Les vignerons les analysent pour faire leurs choix de vinification et d’assemblage.

De ce constat il ne pouvait pas ne pas y avoir de distinction dans les vins produits en Muscadet. Les crus communaux viennent participer à cette différenciation. Lancées par les vignerons depuis quelques années (Joe Landron à la Haye-Fouassière dès les années 80), les appellations par commune émergent, au fur et à mesure de la validation par L’Institut National des Appellations d’Origine (INAO). Le cahier des charges implique des rendements plus faibles et des durées de vieillissement plus longues, pour proposer des vins plus recherchés et qualitatifs.

On comprend donc davantage de nos jours toute la diversité du Muscadet et la volonté actuelle des vignerons de marquer cela sur nos palais avec de meilleurs vins, plus complexes et identifiés.

La vigne plantée sur un terrain offrira aussi des raisins plus riches au fur et à mesure des années. Comme me l’a expliqué François Ménard lorsque j’ai visité le Domaine Ménard Gaborit à Monnières il y a quelques semaines.

Après sa plantation un cep ne peut parfois donner un raisin vraiment qualitatif qu’au bout de 15 ans. Les premières années le système racinaire se crée et va chercher les éléments dans le sous-sol qui vont faire les caractéristiques du Muscadet. Les premières années les vignes offriront des cuvées plus “fraîches” (sachant que les premiers raisins sont récoltés qu’après la 3ème “feuille”).

Cela ne veut pas dire des vins moins bons, mais exemple très probant de la qualité en fonction de l’âge de la vigne, la sélection des crus communaux exige dans leur cahier des charges des vins issus de vignes de plus de 15 ans. Ensuite la vigne peut donner de beaux raisins pendant de nombreuses années (50 ans et plus)

Mais, au fil des années, les maladies et parasites viennent abîmer puis faire mourir la vigne. Car lorsqu’une maladie est détectée c’est généralement trop tard. Puis, quand une parcelle devient trop clairsemée, l’ensemble des ceps est arraché. Les vignerons portés sur la qualité choisiront alors de mettre la parcelle en jachère sur quelques années (3-5 ans) en semant des plantes qui vont régénérer les sols (choix des plantes en fonction des carences). Et alors un nouveau cycle de vigne repartira sur la parcelle.

Concernant les vignerons, ils sont chacun maître des vins qu’ils produisent. Même s’il y a des méthodes de vinification ancrées et un type de vin qui a longtemps été dans les mentalités pour le Muscadet, depuis plusieurs années il y a des volontés de création et de montée en gamme.

Le passage en bio également insuffle de la nouveauté chez les vignerons. On trouve aujourd’hui beaucoup de domaines labellisés bio ou en cours de conversion. C’est principalement sur les traitements de la vigne que la labellisation se fait : exit les produits chimiques (depuis au moins 3 ans, d’où les temps de conversion) et traitements exclusivement aux produits naturels comme le cuivre ou le souffre. Les traitements curatifs sont aussi plus réfléchis : avec de l’huile d’écorce d’orange par exemple comme au Domaine Ménard Gaborit. Mais ce passage au bio est aussi marqueur d’une prise de conscience de leur travail à la terre et d’un changement de mentalité. Passer la qualité avant la quantité.

Cette prise de conscience pousse la réflexion parfois aussi dans la manière de travailler. J’avais rencontré Romain Moreau sur son domaine à La Varenne en juin dernier (Box Un Jour Un Village) et j’avais été marqué par sa volonté d’aller plus loin dans l’éco-responsabilité : vente en local, déplacements à vélo, taille des vignes à la main, main d’oeuvre locale, consigne des bouteilles et étiquetage à la colle. Ces hommes et femmes ne pensent plus juste à la productivité.

La diversité et la qualité, dans de meilleures sélections, voilà ce qu’on peut ressortir de la tendance des jours actuels dans le Muscadet. Une métamorphose sur plusieurs années mais qui laisse présager le meilleur. Le Muscadet se valorise et peut donner envie. Et si ce changement est visible en se rendant dans les domaines, il se montre aussi progressivement dans la communication et les événements.

La fédération des viticulteurs Muscadet Vins de Nantes promeut tout ce travail dans sa communication : association du vin à la ville de Nantes via son nom, valorisation des appellations, alliance du vin avec les autres produits du terroir et travail avec les chefs restaurateurs ligériens. Une partie des vignerons engagés a créé l’association Les Vignes de Nantes, avec des actions de promotion diverses également.

Chaque viticulteur joue aussi ses propres cartes pour valoriser son travail et ses cuvées. On pense évidemment à la tendance actuelle de la communication digitale sur les réseaux sociaux, moyen pour cibler les nouvelles générations. Ces dernières sont d’ailleurs très sensibles au local, au terroir, à la qualité et à l’éco-responsabilité, et donc la rencontre doit donc se faire selon moi (c’est d’ailleurs un peu l’objectif de mon article : vous donner envie d’aller vers ces vins).

Mais la valorisation passe aussi par la rencontre et l’échange. Et si on en va pas à eux, les vignerons décident de venir vers nous. Évidemment présents chez nos cavistes, ils proposent aussi des lieux dédiés pour la dégustation et la vente de leurs vins, et pas seulement dans leur domaine.

J’ai récemment été à Ancenis et suis passé par la toute nouvelle boutique Landron Chartier. Ouverte en décembre dans le centre ville d’Ancenis, elle présente une nouvelle approche commerciale, car ce concept est assez inédit par chez nous de déplacer le point de vente en ville, hors du domaine. Anthony, un passionné du vin qui a rejoint l’équipe de Landron Chartier pour ce projet, accueille le public pour proposer les vins du domaine à la vente mais aussi quelques vins d’autres producteurs (vins des copains), des dégustations et un espace sensoriel. Un beau lieu dédié à la découverte du vin et destiné à tout type de public.

Ils imaginent aussi actuellement proposer des circuits oenotouristiques au départ de cette boutique, avec balade motorisée (type vélo ou trottinette électrique) et arrêts de dégustation. Hâte de tester ça personnellement !

Ce type de lieu est donc une nouvelle façon de communiquer et faire connaître les vins du Muscadet. Les viticulteurs se diversifient et osent pour proposer les meilleurs Muscadet et nous les faire apprécier.

On a donc aujourd’hui plusieurs façons de découvrir et d’apprécier le Muscadet, que ce soit en terme de lieu, de mentalité, de qualité et de cuvée. J’espère que cet article vous aura donné envie de voir le Muscadet autrement et de vous y intéresser. J’ai personnellement beaucoup de plaisir à découvrir ce terroir et sa diversité depuis plusieurs années. Et ne vous bloquez plus à dire que nous n’avez pas LE Muscadet car il y a en fait aujourd’hui DES Muscadet et que dans leur variété il y en a sans doute un qui ravira votre palais ! 

Un grand merci aux différents vignerons que j’ai pu rencontrer et qui m’ont donné envie de vous partager ces belles découvertes, autant dans la façon de voir leur métier que dans la qualité des vins proposés. Cette montée en gamme s’inscrit aussi dans la mentalité de consommer moins mais consommer mieux. Si la consommation de vins a tendance à baisser, elle se contrebalance avec une recherche de qualité, et les vins du Muscadet sont bien dans cette dynamique. 


Plus d’infos

Retrouvez pleins d’informations et de références avec la Fédération des Vins de Nantes. Différents événements ont aussi lieu tout au long de l’année pour faire découvrir les vins du Muscadet.

Muscadet vins de Nantes

www.muscadet.fr / Facebook / Instagram

2 réflexions sur “Les meilleurs jours du Muscadet”

  1. Catherine HEURTEAU

    Bonjour et merci pour ce bel article qui valorise notre muscadet, nos viticulteurs (trices) passionnés par leur métier et également nos terroirs méconnus où l’on peut faire de superbes balades (gustatives ou non) au milieu de nos vignes et nos coteaux. Le muscadet a beaucoup évolué et peut se vanter désormais d’avoir des arômes plus subtils. Je recommande en effet le domaine Ménard-Gaborit où nous sommes toujours très bien accueillis et qui font preuve de beaucoup de dynamisme pour organiser des animations autour du muscadet.
    Mais c’est également le cas de beaucoup de nos viticulteurs. Dans n’importe quelle cave du vignoble vous serez toujours accueilli avec le sourire !

  2. Ping : Revue de presse - Mars/Avril 2021 - Muscadet

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