Il y a quelques temps nous avons pu redécouvrir à Nantes des nouveaux projets dans des bâtiments ou sites restés longtemps inoccupés : La Cocotte Solidaire sur l’Île de Versailles, Les Bains Douches sur le Quai Baco ou la Salle Bretagne dans le quartier Saint-Félix, par exemple. Ces lieux appartiennent à la Ville de Nantes, et, plutôt que de les laisser vides, la municipalité avait fait le choix de les ouvrir aux talents des nantais via un appel à projet : “Les lieux à réinventer”. Cette opération, tenue en 2017, permettait à chaque nantais de présenter le projet de son choix pour réinvestir ces sites et un vote citoyen désignait un lauréat parmi tous les candidats pour chaque lieu. 14 lieux ont ainsi été réinvestis.
Depuis quelques semaines, La Ville de Nantes a lancé une seconde édition des “Lieux à réinventer” avec 9 nouveaux sites inoccupés dans différents secteurs de la ville, que ce soit des bâtiments ou des espaces extérieurs.
J’ai ainsi été invité durant une journée à découvrir plus en détail cet appel à projet et 6 des lieux de cette nouvelle édition. Je vous rapporte dans cet article le retour sur cette journée : les lieux, leur histoire et l’intérêt de réinventer leur place dans la ville. En fin d’article vous saurez aussi comment vous pouvez déposer votre candidature si vous êtes nantais. L’avenir de ces lieux et plus largement des quartiers de Nantes s’imagine et se bâti ainsi collectivement. Une opération qui me rend personnellement fier de vivre à Nantes.
Article en partenariat avec La Ville de Nantes pour l’opération “Les lieux à réinventer” mais le contenu de cet article reste libre et objectif.
L'ilôt Boucherie
Voici un lieu que vous avez forcément remarqué dans le centre-ville : un espace inoccupé contre les Marches des fiertés, le long du Cours des 50 Otages. Il s’agit de l’ancien escalator de l’îlot Boucherie. Installé en 2007, ce dispositif qui permettait de relier aisément la Place du Cirque à la Place Bretagne n’a jamais vraiment fonctionné (problèmes techniques et dégradations) et a été définitivement abandonné en 2015. L’escalator a été retiré et laisse aujourd’hui un grand espace vide dont on peut regretter l’état lorsqu’on passe à côté. Une nouvelle vie ne ferait pas de mal à ce lieu très visible.
Peut-on y imaginer un espace ludique ? J’ai tout de suite projeté une rampe de toboggan dans cet espace en pente, mais aussi vu, dans les marches provisoires, celles qui jouxtent les rampes de saut à ski. Un lieu culturel ? La pente pouvant accueillir des sièges en gradins. Et pourquoi pas un lieu militant associé à l’empreinte forte des Marches des fiertés ? L’espace est très atypique mais ce lieu a une adresse vraiment intéressante pour s’adresser aux nantais.
Le Square Vertais
Lieu de vie et de rencontres dans les quartiers, les parcs de la ville peuvent être porteurs d’énergie. La Square Vertais sur l’Île de Nantes ne fait pas exception. Il est à la fois lieu de passage, à proximité du tramway et des places Wattignies et Mangin, et lieu où l’on aime venir en famille profiter des jeux pour enfants. Une voie ferroviaire surélevée traverse ce square mais l’espace libre en dessous n’a pas réussi à trouver sa place dans ce parc. Après avoir été occupé par des migrants, il est aujourd’hui une friche de gravats (mis ici pour empêcher de nouvelles occupations) qui dessert l’attractivité du square. De plus, les riverains ne se sentent pas en sécurité (présence de trafic de stupéfiants).
Avec l’opération “Les lieux à réinventer”, ce sont ici de beaux espaces extérieurs qui sont rendus disponibles par la Ville de Nantes. Les piles de pont délimitent des zones distinctes (7 espaces de 100 m² chacun plus précisément). On peut imaginer alors différentes activités appelant à la convivialité et la vie de quartier dans chacune d’elles : une aire de jeux, une guinguette avec buvette et piste de danse et des espaces de sport qui se répondent les uns les autres. Ce pourrait être finalement 7 projets qui voient le jour ici et fassent revivre le square.
Le Pigeonnier des Dervallières
Dans certaines cités HLM de la ville, on découvre avec étonnement d’anciens bâtiments qui ont parcouru les décennies, voire les siècles. Aux Dervallières c’est un pigeonnier qui capte toujours mon attention lorsque je passe à côté. Construit au 17ème siècle, à l’époque où un château se dressait tout près, ce pigeonnier semble tranquille et bienveillant sur le quartier juste derrière. Bien conservé mais inutilisé, cet édifice patrimonial rejoint donc les lieux à réinventer à Nantes.
L’appel à projet concerne le pigeonnier mais aussi tout l’espace vert qui l’entoure. De quoi imaginer des projets vivants à son pied davantage qu’à l’intérieur. En effet, le pigeonnier est assez petit, mais vraiment intéressant à voir avec toutes ses petites niches sur l’ensemble du mur circulaire qui rappellent son usage premier. C’est aussi un projet tourné vers le quartier et ses habitants qui me semble à propos ici avec des animations ludiques ou culturelles. Une façon d’embellir l’image donnée par cette “porte” sur un quartier dans lequel on n’ose pas toujours rentrer.
Le Pont de la Tortière
C’est aussi le long de l’Erdre que la Ville de Nantes propose un des lieux à réinventer. Sous le pont de la Tortière la promenade qui longe la rivière, depuis Nantes sur la rive gauche, croise un grand espace libre. Il n’a jamais connu d’aménagement et c’est donc un lieu totalement vierge qui est à investir. Les services de la municipalité réfléchissent déjà à un futur réaménagement urbain autour du pont et un projet crée ici leur permettra d’avoir des premiers éléments pour l’étude prévue à la fin de l’année.
Alors que ce secteur est très emprunté par les promeneurs, joggeurs et cyclistes, il n’existe pas de lieu animé pour agrémenter la balade. Je trouve donc hyper intéressant qu’une activité se crée à cet endroit en lien avec ces passages, surtout qu’on y est à couvert. On peut autant apprécier un lieu convivial, type buvette / guinguette, qu’un plateau sportif avec des cours ou des appareils en libre service, par exemple. Le lieu est en plus facilement accessible, avec un parking proche. Mais, par contre, je trouve qu’il faudra aussi composer avec le bruit de la circulation juste au dessus que j’ai remarqué pendant la visite.
La cure du Vieux Doulon
Au cœur du quartier du Vieux Doulon, à l’est de Nantes, la ville ouvre les portes d’une ancienne cure. Ce lieu religieux (presbytère, habitat du curé) a été occupé jusqu’en 2003, et est resté quasiment inutilisé depuis. Il comprend une maison principale datant du 17è siècle, des petits bâtiments annexes (salles paroissiales et garages) et une grande cour centrale. C’est le plus grand site bâti de cette seconde édition des “Lieux à réinventer” à Nantes, mais aussi le plus inattendu je trouve.
La cure a connu une période d’hébergement pour des demandeurs d’asile mais l’état du bâtiment (hygiène et sécurité) n’a pas permis de maintenir cet accueil, ni de permettre l’installation d’autres projets. Si l’espace est grand et ouvert à une multitude de propositions pour faire revivre le lieu et faire une proposition aux habitants du quartier, il faudra y investir du temps pour remettre en état la maison et ses annexes. Mais rien n’est impossible pour les nantais !
A savoir que pour ce lieu, et pour tous les autres sites bâtis des Lieux à réinventer, la ville de Nantes reste propriétaire et assure les gros travaux (fermetures, toiture). Les lauréats auront à charge les autres travaux (d’où une enveloppe financière remise par la ville, voir plus bas) et verseront un petit loyer (au même titre que les associations, proportionnel à la surface du site).
La Chapelle de la Chantrerie
Plus excentré de la ville, direction le parc de la Chantrerie à quelques encablures de Carquefou (mais on est bien sur la commune de Nantes ici). Ce grand domaine au bord de l’Erdre est propriété de la ville avec des bureaux et un parc public, et sa chapelle vient d’être restaurée (travaux bientôt terminés). Celle-ci n’est pas ouverte au public mais, par l’opération des “Lieux à réinventer”, la ville de Nantes permet sa valorisation et aussi peut-être son accès selon le projet lauréat.
Lors de la visite on est directement étonné du petit espace intérieur, mais l’appel à projet sur ce site comprend la chapelle et ses abords. On peut donc imaginer une intervention culturelle comme des spectacles ou des expositions qui se tiendraient sur les pelouses et incluraient en partie cet édifice remarquable. On y bénéficie en plus d’une pleine vue sur l’Erdre !
À noter que, assez isolée et éloignée d’autres bâtis, la chapelle ne bénéficie d’aucun branchement en eau et électricité. Ce type de point technique est spécifié pour tous les lieux dans le cahier technique que remet la ville aux candidats.
3 autres lieux à réinventer
L’opération comprend 3 autres sites dans l’appel à projets :
- Les arches Motte Rouge sous l’arrêt de tram du même nom le long de l’Erdre
- Le site de la chaufferie de Port Boyer (mise à l’arrêt en 2018 et démolie en ce début 2022)
- Un espace de prairie dans la vallée du Cens près de l’école de la Barberie
Nous n’avons pas visité ces sites car il était impossible de tout visiter en une seule journée.
Les Lieux à réinventer - Le calendrier
Cette seconde édition des lieux à réinventer est actuellement à la phase de dépôt des candidatures. Après diverses consultations publiques et participatives en 2021, l’appel a projet a été lancé en décembre dernier et les candidatures peuvent être déposées jusqu’au 6 mars prochain.
- Décembre 2021 – Mars 2022 : Appel à projet – dépôt des dossiers
- Avril – Mai 2022 : Instruction des projets par les services de la ville pour valider les candidatures
- Août – Septembre 2022 : Campagne pour la votation citoyenne
- Septembre 2022 : Votation citoyenne et désignation des projets lauréats
- 2023 – 2024 : Ouverture des lieux
Comment candidater ?
L’un de ces 9 lieux a retenu votre attention ? Vous y projetez une belle idée ? La Ville de Nantes n’attend que vous !
Pour avoir plus d’informations et connaître les modalités de dépôt des projets, rendez-vous sur le site internet Dialogue Citoyen de la ville : www.dialoguecitoyen.metropole.nantes.fr/lieux
Les lieux à réinventer peuvent être investis par des associations ou des particuliers, seuls ou regroupés. Au terme de cet appel à projet, la ville accompagnera le projet retenu, avec l’aide des services de la ville et une dotation financière de base de 5000 € maximum. Libre ensuite aux porteurs du projet d’obtenir d’autres types d’aides et financement comme tout autre projet.
Avant de monter votre dossier, les agents de la ville vous permettent de venir visiter le lieu que vous souhaitez, sur rendez-vous. L’occasion également d’échanger sur les spécificités sur site et le cahier des charges. Des moments sont aussi organisés pour créer des rencontres entre les candidats d’un même lieu et éventuellement mutualiser des projets (particulièrement sur les sites les plus vastes).
Je trouve ce type d’appel à projet vraiment très intéressant, qu’on veuille candidater ou juste voir revivre des lieux de la ville avec l’énergie de ses habitants. Lieu de quartier ou point phare de la ville, chaque projet aura son utilité et sa réussite pour Nantes et les nantais. Espérons donc que les projets proposés seront nombreux et intéressants. J’ai vraiment été ravi d’être en partie associé à cet événement et d’avoir pu découvrir certains lieux. Il me tarde déjà de voir les candidats, je suivrai cela attentivement, jusqu’à venir sur place une fois les projets concrétisés !
Les autres contributeurs
J’ai réalisé ce reportage aux côtés de deux autres créateurs de contenus nantais qui réalisent également un sujet dans leurs domaines respectifs. Leur travail vient aussi présenter “Les lieux à réinventer” saison 2 avec leur propre sensibilité.
Eléonore VIGNERON – Podcast Rayonnantes
Réalisatrice de podcasts dédiés aux nantais inspirants, Éléonore a produit une série de podcasts restituants les présentations in situ lors de la journée de visite et l’interview d’une responsable de l’appel à projets pour la ville de Nantes.
Pierre-Alexandre PROD’HOMME – Studio L’Intrépide
Pierre-Alexandre est un illustrateur et graphiste nantais. Suite à notre journée commune, il a imaginé différents dessins pour ouvrir l’imaginaire sur chacun des 9 “Lieux à réinventer”.