Le Voyage à Nantes, malgré le départ de son directeur historique Jean Blaise, poursuit en 2025 la tradition du parcours artistique estival dans les rues de Nantes. Au fil de la ligne verte, nantais et touristes vont pouvoir apprécier la ville avec des propositions originales et uniques qui viennent habiter les places et les monuments. C’est un événement que j’adore car il permet de voir la ville autrement le temps d’un été. Je vous propose de de découvrir les nouvelles oeuvres de cette édition qui complètent le parcours des expositions et des œuvres permanentes. Avec cette 14e édition du Voyage à Nantes, notre célèbre ligne verte a encore de belle choses à nous faire découvrir !



Mothership, de Prune Nourry
Dans le rendez-vous estival du Voyage à Nantes, c’est toujours avec impatience qu’on attend l’œuvre monumental qui occupe le bel espace de la place Graslin. Ici l’art contemporain vient répondre à l’architecture classique du grand Théâtre et des façades des bâtiments.
Pour cette édition 2025, Le Voyage à Nantes a invité l’artiste Prune Nourry a réinterpréter une de ses sculptures phares. En 2010 elle s’inspire du relief d’une femme enceinte en partie émergée d’un bain. Après avoir reproduit une première l’œuvre en très grand format (Mother Earth, 2023), elle réitère l’expérience pour Nantes pour faire naître Mothership.
L’œuvre est ici réalisée en arcs de métal, pour une longueur de 17m et une hauteur de près de 4m. Le squelette rappelle ainsi la charpente des navires du port de Nantes. Un écho à la ville que l’artiste n’a pas voulu manquer et qui permet au public d’entrer dans cette œuvre très maternelle.
Latest Version, de Willem de Haan
Le Voyage à Nantes 2025 investit aussi de nouveau la Place Royale. Et c’est une nouvelle version de sa fontaine que nous pouvons contempler. Avec Latest Version, l’artiste néerlandais Willem de Haan met à jour les allégories du 19e siècle pour dresser un portrait actuel de la ville.
Chaque statue de la fontaine a été retirée (déjà prévu pour entrer en restauration), et via le scan de réels nantais, une nouvelle sculpture vient prendre sa place. Celle-ci peut représenter une activité similaire ou alors proposer une thématique/un métier de notre siècle représentatif de Nantes. Et on peut toujours observer les statues originelles de la fontaine. Elles ont été entreposées sur une structure installée sur la place. Idéal pour comparer l’ancien et le nouveau.
L’observation de ces nouvelles effigies est en tout cas très amusante, parfois questionnante, et pose un nouveau regard sur la ville. Cette œuvre ira au delà de la programmation estivale pour remplacer les statues historiques qui entreront en restauration après l’été.
L'Absurdistan, de Gloria Friedmann
Depuis 3 ans, la ligne verte permet d’entrer dans la cour de l’hôtel de Châteaubriant, dit Hôtel de Briord. Pour Le Voyage à Nantes 2025, c’est l’artiste Gloria Friedmann qui propose une oeuvre dans cet espace intimiste, coupé de la ville.
Interpellée par notre connexion à la technologie incessante et grandissante, l’artiste propose l’œuvre L’Absurdistan. Des personnages sont happés par une nuée de câbles et connexions sans y prêter attention. Des liens que nous ignorons aujourd’hui car physiquement invisibles mais qui envahissent pourtant notre quotidien.
Vies de bêtes, d'Éléonore Saintagnan
Comme chaque année, le parcours du Voyage à Nantes traverse les salles du Passage Sainte-Croix. Cette année, c’est l’artiste française Éléonore Saintagnan qui propose une exposition : Vies de bêtes. Au travers de 3 films diffusés en boucle, elle interroge les rapports entre l’humain et les animaux.
On suit ainsi le voyage d’un perroquet, le destin d’un poisson au fond d’un lac asséché et la fuite d’une famille d’hippopotames. Des récits totalement imaginaires mais ancrés dans le réel, Éléonore Saintagnan travaillant dans des lieux existants et assumant même les bricolages de ses réalisations. On part ainsi entre rêve et réalité dans des histoires attachantes.
L’artiste présente aussi ici les sculptures des figures animales utilisées dans ces trois créations.
Antipodos, de Iván Argote
Pour investir la rue Maréchal-Joffre, piétonne depuis ce printemps 2025, Le Voyage à Nantes a proposé à l’artiste colombien Iván Argote de réinterpréter son œuvre Antipodos. Tiré du terme antipode, signifiant “avec des pieds retournés” au Moyen Âge, l’artiste imagine des personnages disformes.
Pour cette nouvelle œuvre, Iván Argote joue avec la gravité. Deux personnages sont installés à la perpendiculaire d’un bâtiment de la rue à une extrémité et de la colonne Lousi XVI à l’opposé. Et pour cette dernière l’artiste a masqué la statue de Louis XVI, rappelant les années d’instabilité politique où la colonne était inoccupée (de 1790 à 1823).
Iván Argote bouscule ainsi régulièrement les monuments et rappelle notre histoire.
La Mauvaise Troupe, de Romain Weintzem
Romain Weintzem, sculpteur habitant dans le Maine-et-Loire, a été invité par Le Voyage à Nantes à occuper les abord du lycée Clémenceau. Dans ses recherches, il a été interpellé par l’histoire de la revue En route, mauvaise troupe !, éditée par des élèves du lycée en 1913, et interdite après son premier numéro à cause de ses textes jugés antimilitaristes et antipatriotiques.
Il a alors imaginé, en hommage à cette histoire et ces étudiants, une troupe de militaires. Reconnaissables à leur tenue de camouflage, ils ont remplacé leurs armes par des instruments de fanfare. Avec audace, ces personnages prennent d’assaut le mur d’enceinte de la rue de Richebourg et le clocher côté rue Georges Clémenceau. Une scène burlesque et joyeuse dont il ne manque que le son !
Aurarium , de Jenna Kaës
Le Voyage à Nantes offre toujours aux nantais la découverte de lieux méconnus dans la ville. Cette année, il nous ouvre les portes du dispensaire Jean V, ancien sanatorium située face au Musée Dobrée. Ici l’artiste Jenna Kaës a pensé un petit cabinet de curiosités.
Autour du hall central, des portes vitrées permettent d’observer chaque pièce qu’elle a investies avec des objets historiques et ses créations. Les décors appellent à la spiritualité donnant une résonance entre le mystique et le passé médical de l’édifice.
Peinture Tolérance Toujours, de Flora Moscovici
Déjà présent dans l’espace nantais, avec Le Temps entre les pierres (place Bouffay), Flora Moscovici a été invitée par Le Voyage à Nantes à investir la méconnue rue de l’Héronnière. Dans cette rue se trouve un magnifique bâtiment des PTT à la façade art déco sur lequel s’appuie le projet de l’artiste.
Avec son travail sur la peinture, Flora Moscovici vient faire résonner le sol et les murs de cet espace piéton reliant le cour Cambronne et le quai de la Fosse. Pour le titre, Peinture Tolérance Toujours, il reprend évidemment les initiales PTT mais l’artiste a surtout voulu évoquer Jacques Demy. via l’une de ses citations.
L’œuvre est créée pour une durée indéterminée. Elle est amenée à évoluer au fil du temps, avec le passage des passants et les effets du soleil et de la pluie, jusqu’à disparaître.
Bras dessus, bras dessous, de Aurélie Ferruel et Florentine Guédon
Ce parcours du Voyage à Nantes 2025 vous ramènera à l’ouest de la ville, dans le parc des Oblates, déjà investi dans de précédentes éditions. Ici les visiteurs pourront jouer et manipuler la création du duo Ferruel et Guédon. Les deux artistes proposent un jeu d’échecs XXL en réinterprétant l’esthétique du jeu et pourquoi pas ses règles.
Avec un damier au décor très poétique et des grandes pièces en bois sculptées, le jeu prend une autre dimension. Leurs créatrices ont voulu permettre aux joueur de collaborer plutôt que de s’affronter, et d’offrir la possibilité de réinventer les règles en s’appropriant cet espace moins délimité.
Dans le calme du jardin des Oblates, cet échiquier invite aussi à la rêverie et à la contemplation avec ses décors joliment travaillés. Moi qui ne suis pas joueur d’échec, j’ai plutôt choisi cette option.
Le Bruit des bottes, de Romain Weintzem
En passant par le Butte Saint-Anne, vous trouverez une œuvre parfaitement intégrée à l’aménagement urbain. Doublement invité par Le Voyage à Nantes pour cette édition 2025, Romain Weintzem s’inspire une nouvelle fois d’une image militaire pour investir un des escaliers de l’Hermitage (nom du complexe d’immeubles construit ici).
Avec Le Bruit des bottes, c’est une vingtaine de rangers noires qui part à l’assaut de l’escalier mais dans un but assez flou. Elles marchent de façon désordonnée, leurs propriétaires demeurent invisibles et elles sont surtout emmenées par une paire de chaussures de clown en tête de cortège. Cette œuvre, avec son titre sans équivoque, fait bien écho à la montée de l’extrémisme dans notre société mais en y ajoutant une pointe de dérision et d’optimisme.
Combien de terres faut-il à l'homme ?, de Gloria Friedmann
On retrouve une seconde fois l’artiste Gloria Friedmann dans ce voyage à Nantes 2025. Rendez-vous cette fois à la HAB Galerie sur l’île de Nantes pour une exposition qui est consacrée à son travail avec la terre et sur la Terre.
Toujours dans une création engagée, Gloria Friedmann nous alerte sur notre mode de vie et son impact sur notre planète. Le titre de l’exposition “Combien de terres faut-il à l’homme ?” est très clair et n’est pas vraiment une question que l’artiste pose. Elle s’inspire d’une nouvelle de Tolstoï “Ce qu’il faut de terre à l’homme”, interpellée par la vanité toujours plus présente chez l’homme.
Le travail de l’artiste est très intéressant et ses œuvres questionnent sur notre rapport à la Terre. L’aspect abstrait de certaines œuvres n’est peut-être pas forcément évident à interpréter, mais les médiateurs de la Hab Galerie vous fourniront quelques axes de compréhension si vous le souhaitez.
Épilogue Sylvestre, de Laurent Tixador
Comme chaque année, Le Voyage à Nantes et la SEMITAN s’associent pour transformer un tranway du réseau de transport en support artistique. Après 9 unités déjà réhabillées façon VAN, l’édition 2025 aura donc aussi son tramway. L’équipe du Voyage à Nantes a invité cette année l’artiste Laurent Tixador.
Avec l’objet cabane au cœur de son travail, Laurent Tixador propose une création en deux parties. En effet, son habillage de tramway est issu d’une construction réalisée au printemps avec des étudiants au parc de Procé. Elle a ensuite été photographiée sous tous les angles pour être imprimée sur un revêtement adhésif pour habillé un tramway de la SEMITAN.
La construction en bois, aux dimensions réelles du tramway, a été réalisée à partir de bois de récupération et installée tout l’été au Parc de Procé. Pour le tramway habillé, on pourra le croiser dans Nantes cet été et bien au-delà puisque les tramways du VAN sont conservés tous les ans.
Au travers de ces 12 nouvelles œuvres, dont certaines resteront dans l’espace urbain au delà de 2025, Le Voyage à Nantes poursuit sa proposition touristique et culturelle. Comme chaque été, les nantais redécouvrent leur ville et les visiteurs explorent une cité par comme les autres ! Il me tarde de vivre cet été au gré des œuvres que j’apprécie toujours revenir voir en général, et je pense que cette année n’échappera pas à cette habitude.
Du 28 juin au 31 août 2025
de 10h00 à 19h00 pour les œuvres dans l’espace public
80 étapes
12 œuvres inédites
15 expositions
Aide à la visite
Médiateurs et visites flash sur la plupart des sites